Maroc: Sacrée intolérance

Les accusations d’atteinte aux valeurs sacrées connaissent une recrudescence. Après les arrestations massives liées à l’affaire du 1er mai 2007, ce sont des personnes âgées ou déficientes mentalement que l’on jette aujourd’hui en prison.

    Les détenus du 1er mai

Les défilés du 1er mai avaient en effet donné lieu l’an dernier à plusieurs arrestations, notamment à Agadir et à Ksar El Kébir. A l’issue de ces arrestations, sept personnes avaient été condamnées à des peines de prison allant de deux à quatre ans pour avoir (selon l’accusation) scandé des slogans offensant à l’égard de la monarchie et de la personne du roi. Le 5 juin 2007, un sit-in était organisé devant la cour de justice de Béni Mellal en solidarité avec ces détenus du 1er mai.

Cette nouvelle manifestation s’était conclue par dix nouvelles arrestations de personnes appartenant à des associations démocratiques diverses. Parmi elles, le célèbre militant Mohamed BOUGRINE, tristement surnommé « le prisonnier des trois rois », condamné à un an (puis à trois ans de prison en appel !) et incarcéré malgré ses 72 ans et ses problèmes de santé. Pour les 9 autres personnes poursuivies à Béni MELLAL pour « atteinte aux valeurs sacrées », elles ont été condamnées à une année de prison ferme. Elles sont restées néanmoins en liberté provisoire. Aux dernières nouvelles, la Cour suprême a cassé ce jugement pour sept des personnes poursuivies, dont Mohamed BOUGRINE. Elles devront donc repasser en jugement devant le tribunal de deuxième instance de Béni Mellal. Quant aux trois autres, elles sont en liberté provisoire et peuvent être arrêtées d’un moment à l’autre, expliquent Mes Ali Amar et Mohamed Sebbar, chargés de la défense. Ainsi, à l’heure où le Maroc aspire à devenir un Etat plus démocratique, plusieurs citoyens sont condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir porté atteinte aux valeurs sacrées de la nation.

Recueillis par M.F.