BOUGRINE a failli y passer

Le plus vieux détenu politique au Maroc a failli y passer. Mohamed BOUGRINE, 73 ans, est incarcéré à la prison de Beni Mellal depuis juin 2007, pour ce qui est communément admis d’appeler aujourd’hui, « atteinte aux sacralités ». Récemment, le vieux détenu a eu un sérieux malaise de santé qui a duré 14 jours.

سجين المقدسات

Le soir échos

3/25/2008

SACRALITÉ

BOUGRINE a failli y passer


Mohamed BOUGRINE, 73 ans, a failli mourir dans sa cellule à Beni Mellal.

Le plus vieux détenu politique au Maroc a failli y passer. Mohamed BOUGRINE, 73 ans, est incarcéré à la prison de Beni Mellal depuis juin 2007, pour ce qui est communément admis d’appeler aujourd’hui, « atteinte aux sacralités ». Récemment, le vieux détenu a eu un sérieux malaise de santé qui a duré 14 jours. « J’étais pratiquement mourant », a récemment confié Mohamed BOUGRINE à la délégation de l’AMDH à Beni Mellal qui lui a rendu visite le 18 mars dernier. « Il souffrait de fièvre et de crise aiguë d’hypertension. Dans un premier temps, l’administration de la prison s’est contentée de lui prescrire quelques calmants avant que les responsables du pénitentiaire ne décident de le faire ausculter par un médecin », affirme un responsable de l’AMDH à Beni Mellal. Seule consolation du pauvre BOUGRINE : ses compagnons de cellule et les matons de la prison qui lui témoignent, dit-il, « beaucoup d’affection et font preuve de beaucoup de solidarité » à son égard. BOUGRINE est en effet incarcéré dans une cellule collective, et ne bénéficie d’aucun traitement de faveur, pourtant prévu par la loi pour les prisonniers d’opinion. « La prison de Beni Mellal continue, elle, de souffrir des éternels problèmes de surpeuplement et de la médiocrité et l’insuffisance des rations alimentaires servies aux pensionnaires de la prison », peut-on lire dans un communiqué de la section de l’AMDH à Beni Mellal. Depuis quelques mois, Mohamed BOUGRINE et ses collègues font l’objet d’une compagne tous azimuts de plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme pour obtenir leur libération. En vain.

A rappeler que Mohamed BOUGRINE est un militant de la première heure. Ce Rifain a participé à la création de l’USFP, de l’AMDH ainsi que d’autres organisations politiques et syndicales. Son militantisme (contre l’occupant puis pour protester contre les atteintes aux droits de l’Homme) lui a valu d’être emprisonné à plusieurs reprises, dans presque toutes les prisons du pays et sous trois rois (Mohamed V, Hassan II, et Mohamed VI). C’est ce qui explique ses multiples surnoms dont le « Maudit des trois rois » ou le « Mandela marocain ». Récemment, le décès d’Ahmed Nacer (95 ans) à la prison de Settat où il étais incarcéré pour « atteinte aux sacralités » avait, lui aussi, remis le dossier de BOUGRINE et de ses compagnons sur la table. Mais rien n’y fait. Le vieux détenu, dont l’état de santé devient préoccupant, continue de purger sa peine en prison e attendant un avis de la Cour suprême qui a récemment validé la cassation des décisions rendues par la cour d’appel. M.A