GRÂCES ROYALES: La loterie du pardon

À cause de pressions internationales ou par volonté de réparer des erreurs judiciaires, le roi a gracié, en quelques semaines, plusieurs détenus emblématiques. Un désaveu qui ne dit pas son nom d’une justice rendue au mon du roi. Décryptage.

إهانة المقدسات

TELQUEL - YOUSSEF ZIRAOUI

4/12/2008

FOCUS

À cause de pressions internationales ou par volonté de réparer des erreurs judiciaires, le roi a gracié, en quelques semaines, plusieurs détenus emblématiques. Un désaveu qui ne dit pas son nom d’une justice rendue au mon du roi. Décryptage.

GRÂCES ROYALES

La loterie du pardon

Par YOUSSEF ZIRAOUI

Vendredi 4 avril, Une dépêche laconique de la MAP annonce la grâce de 17 personnes. Privilège régalien oblige, tout ce beau monde a été relaxé sur décision de Mohammed VI. Classée dans la catégorie « activités royales », l’annonce de la très officielle agence de presse déroule un listing des graciés : des militants ou simples sympathisants de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), condamnés en août dernier à des peines de deux à quatre ans de prison. Leur tort : avoir scandé des slogans « portant atteinte à la famille royale », pendant et après la fête du 1er mai. Dans le lot, une tête d’affiche : Mohamed Bougrine, embastillé à la prison de Béni Mellal. A peine un pied dehors que celui qu’on surnomme « le prisonnier des trois rois », enchaînait les déclarations tonitruantes. « certes, je suis heureux d’être libre, mais je continuerai à dire ce que je veux. J’ai uniquement exprimé mon opinion, tout comme je l’ai fait sous Hassan II », tonne BOUGRINE qui, à 73 ans, n’a rien perdu de sa verve.

                   Grâces « hors saison »

Question : pourquoi cette grâce arrive-t-elle en dehors d’une période de fête, alors


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             BOUGRINE, abonné aux cellules


Cette grâce est un non-sens, car je n’ai commis aucun délit, On ne peut pas mettre une personne en prison parce qu’elle a participé à une marche de protestation », lance Mohamed BOUGRINE, l’homme qui a connu la prison sous trois rois. C’est d’abord sous Mohammed V qu’il effectue son premier séjour carcéral pour s’être révolté contre les autorités. Rebelote en 1973. Impliqué dans les évènements de Moulay Bouazza, qui avaient pour but de renverser la monarchie, il est condamné à 3 ans de réclusion. Dans les années 1980, pour « contester la légitimité des instances dirigeantes de l’USFP » (dont il est alors un militant), BOUGRINE occupe les locaux du parti à Fquih Ben Saleh, et à Beni Mellal, Verdict : dix-huit mois de prison. En 1983, alors que Abderrahim Bouabid venait de donner son accord pour la participation de l’USFP aux législatives, 35 membres de la commission administrative dont BOUGRINE tentent de prendre d’assaut le siège rbati du parti pour exprimer leur désaccord. Nouvelle condamnation à trois ans de prison. La dernière tombe en 2007, pour « manquement au respect dû au roi ». Après dix mois de prison, il est gracié par Mohammed VI. La der des ders ? En tout cas, à 73 ans, BOUGRINE ne compte toujours pas s’assagir : « Je continuerait le combat tant que je pourrais. Il le faut bien : les jeunes ne sembles pas décidés à prendre la relève.